Chères amies, chers amis,
Le président de l'Assemblée nationale, troisième personnage de l'Etat, Bernard Accoyer, s'est livré aujourd'hui à un double amalgame particulièrement scandaleux et qui en dit long.Le premier amalgame consiste à mettre sur le même plan les violences inadmissibles et gravissimes qui ont eu lieu à Strasbourg et à Bastia, que tout le monde ne peut que condamner, et les réactions de salariés licenciés. Chacun comprend que ces comportements n'ont strictement rien à voir, ni dans leurs causes, ni dans la forme des illégalités commises. C'est confondre un problème grave d'ordre public et des situations dramatiques dans un certain nombre d'entreprises.
Le deuxième amalgame consiste à déformer la lettre même des propos que j'ai tenus dans Le Journal du dimanche. J'y ai déclaré notamment : "Je ne prédis ni ne souhaite une insurrection sociale (...). On a besoin de règles, pas de chasse à l'homme (...). C'est illégal de priver quelqu'un de sa liberté de mouvement (...). Sans justice, nous n'aurons pas de paix sociale ni de progrès (...). Personne n'a envie d'aller au conflit (...). On a besoin d'entrepreneurs, de tous les entrepreneurs."
Ce que je critique, c'est l'absence parfois incroyable de dialogue social dans notre pays, par exemple lorsque des salariés apprennent leur licenciement par la presse, comme à Caterpillar. L'absence de dialogue social, l'absence de respect, bref le mépris, sont bien porteurs de violences et d'actes illégaux.
Plutôt que de jouer sur la peur du désordre, la droite ferait mieux de comprendre que sa politique - le bouclier fiscal, par exemple - et le comportement de certains patrons, nuisent dangereusement à la cohésion sociale de ce pays, dans une période de crise économique sans précédent.
Le rôle des représentants de l'Etat, plutôt que de polémiquer, devrait être de faciliter les médiations pour éviter que les conflits ne dégénèrent.
La vraie responsabilité des hommes et femmes d'Etat c'est de mettre fin à ces comportements de mépris et d'instaurer du respect et du dialogue.
Ségolène Royal
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