Comité Local Pierre Mendès - France " Désirs d'Avenir " Paris 8ème et 9ème


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La politique autrement, la politique par la preuve !!!

lundi 23 novembre 2009

Réalité et apparence de la dispute Royal / Peillon

par SAMUEL BAILLAUD



J'ai lu sur Médiapart, un article du journaliste Stéphane Alliès, concernant la dispute entre Royal et Peillon, à l'issue du meeting de Dijon du 14 novembre 2009. J'ai rajouté un commentaire à la marge de l'article, dans lequel j'ai décrit des enregistrements d'interviews de Royal et Peillon, trouvés sur internet. J'ai conclu ce commentaire en disant qui selon moi, de Royal ou de Peillon, avait raison. Quelques minutes plus tard, un internaute répond à mon commentaire par un autre commentaire, où il me contredit et m'apporte de nouvelles informations. Je remarque alors d'autres commentaires, qui m'apportent encore d'autres informations, et expriment encore d'autres opinions. Ces commentaires sont parfois écrits par des protagonistes de l'évènement, par exemple des militants du courant de Ségolène, qui étaient présents au meeting de Dijon. Ma curiositée piquée, je repars à la recherche d'autres informations ailleurs sur internet. Je réécris un nouveau commentaire, où je dis ma nouvelle opinion, et les questions que je me pose. Deux autres internautes répondent à mes questions. L'un d'entre eux m'envoie sur le billet d'un autre internaute, billet de Jean Marie Padovani, "Camarade socialiste du courant Espoir à Gauche si tu passes par là...". Je rigole en lisant ce billet, et j'ai encore une nouvelle opinion, de nouvelles questions, que je formule dans un nouveau commentaire... etc...



Je suis parti d'une opinion au sujet de l'évènement, fondée sur son apparence construite par les grands médias. Interviews ou fragments d'interviews des protagonistes, formules employées par les journalistes, pour se référer à l'évènement, telles que "... le meeting organisé par Vincent Peillon, pour rassembler la gauche et le centre, où Ségolène Royal s'est invitée ...", suscitant une interprétation particulière de l'évènement.



J'ai abouti sur une explication de l'évènement, très différente de celle de départ, qui est je suppose plus proche de la réalité.





Déroulement de la dispute Royal / Peillon.



D'un côté, existe une organisation politique, nommée "Espoir à Gauche", dont la personalité la plus importante, celle qui a le plus fondé cette organisation, est Ségolène, dont les militants de base se reconnaissent le plus souvent en Ségolène, et dont le projet est fortement "Ségolènien".



D'un autre côté, il y a Peillon, qui souhaite créer une organisation politique, qu'il appellera finalement le "Rassemblement Social, Ecologique et Democrate". Cette organisation devrait réunir des personalités des Verts, du MoDem, des dissidents PC, des associatifs, et des membres du PS dont il serait le plus éminent. Cette organisation devrait produire un spectacle médiatique, présenté au public comme un "débat", visant à "construire un vrai projet politique" transversal, alternatif à la politique de Sarkozy, en vue des élections présidentielles de 2012. Enfin, cette organisation excluerait de ses débats tout éventuel candidat à l'élection présidentielle, de manière selon Peillon, à pouvoir réunir des gens qui ne soutiendront pas le même candidat, et de maniere a être concentrée sur la construction d'un projet politique, plutôt que sur le soutien d'un candidat, plutôt que sur l'acclamation béate d'une icône médiatique. Cette organisation devrait donc "par principe", exclure Ségolène de ses débats.



Le problème de Peillon, c'est qu'il ne peut créer à lui tout seul ce "Rassemblement" dont il serait la pièce maitresse. Peillon a besoin pour soutenir son projet, d'une importante organisation politique, riche en militants de base pouvant remplir une salle de meeting, riche en hommes politiques influents pour garnir la premiere rangée de sièges de cette salle, riche en moyens financiers et en mécènes pour financer des meetings, des brochures, un site internet. Peillon a donc besoin d'utiliser l'organisation "Espoir à Gauche", pour y inséminer la graine du "Rassemblement" qu'il souhaite voir se développer autour de lui, puis pour que cette graine s'y developpe comme un embryon dans le ventre de sa mère.



Lors de l'été 2009, Peillon est l'un des principaux dirigeants du courant "Espoir à Gauche", et il organise les ateliers d'été de ce courant. Il invite à ces ateliers des representants de tous les partis qu'il cherchera à rassembler dans son "Rassemblement" : de Sarnez, Cohn-Bendit, Taubira, Hue. Il affirme publiquement que ces ateliers sont à ses yeux "le commencement d'un rassemblement écologiste, socialiste et démocratique".



C'est en novembre 2009, que la gestation par l'"Espoir à Gauche", du "Rassemblement", devrait aboutir. L'acte de naissance du "Rassemblement" devrait être un meeting a Dijon, dont les principaux intervenants seront ceux des ateliers d'été d'"Espoir à Gauche", et dont le principal mécène est le principal mécène d'"Espoir à Gauche", le fortuné Pierre Bergé.


Pierre Bergé (deuxième à gauche), à l'atelier d'été du courant "Espoir à Gauche", en août 2009



Peillon fait préparer pour son "Rassemblement", des brochures, et un site internet de qualité professionnelle : contenus vidéos, design soigné, possibilité de partage sur Facebook.... Une page du site d'"Espoir à Gauche" annoncera aux militants de ce courant le lancement du site du "Rassemblement", le lendemain du meeting de Dijon. Mais étant donnée la qualité de ce site, sa préparation a dû commencer un certain temps avant le meeting de Dijon. Le site et les brochures présentent le "Rassemblement" comme une organisation indépendante d'"Espoir à Gauche". Dans le site, le "Rassemblement Social, Ecologique et Démocrate", est présenté ainsi : "ouvert à tous ceux qui veulent, dans le débat et la confrontation des idées, participer à la construction d'un grand projet pour une autre France que celle de Nicolas Sarkozy. Que nous soyons socialistes, écologistes, démocrates, communistes, républicains, radicaux, syndicalistes, militants associatifs… ou simplement engagés dans le combat pour la démocratie et la justice ...". Pas de référence dans cette présentation, au courant "Espoir à Gauche", dont le logo n'apparait pas sur le site.


En octobre 2009, il est proposé aux militants du courant "Espoir à Gauche", au nom de ce courant, de participer aux débats préparatoires du meeting de Dijon. Ce meeting est alors présenté aux militants, sur une page du site d'"Espoir à Gauche", comme "la première étape d'un cycle de rencontres qui rassemblera, autour des grandes préoccupations des Français, l'ensemble des forces de progrès". Il n'est pas clairement dit ici, que le meeting de Dijon est l'acte de naissance d'une organisation politique indépendante d'"Espoir à Gauche", excluant "par principe" Ségolène de ses débats, du fait qu'elle est une éventuelle candidate à l'élection présidentielle.



En novembre 2009, une invitation au meeting de Dijon est adressée aux militants d'"Espoir à Gauche". Contrairement aux brochures et au site du "Rassemblement" tant attendu, cette invitation est encore faite au nom de l'organisation "Espoir à Gauche". L'invitation définit de manière ambigüe, l'évènement auquel sont invités les militants. Il s'agit selon elle, "des premières rencontres d'un cycle de débat - celui du rassemblement social, écologique, et démocrate". De très nombreux militants d'"Espoir à Gauche", affirment qu'ils ne savaient pas avant le meeting de Dijon, que "Rassemblement Social, Ecologique et Démocrate", est le nom d'une organisation indépendante d'"Espoirs à Gauche", excluant "par principe" Ségolène de ses débats, et dont Peillon souhaite être le leader. Or l'invitation ne dit pas clairement aux militants d'"Espoir à Gauche", si l'expression "rassemblement social, écologique et démocrate" qu'elle emploie, est un nom propre, celui d'une organisation politique indépendante d'"Espoir à Gauche", ou si cette expression est un nom commun, celui d'une chose que favorisera le meeting de Dijon, auquel ils sont invités par le courant "Espoir à Gauche", dans la continuité des ateliers d'été de ce courant. Le propre d'une expression ambigüe, est qu'on ne peut pas être sûr de ce qu'elle veut dire. Mais il est des ambigüités dont on peut être à peu près sûr qu'elles existent.


Quelques jours avant le meeting de Dijon, Ségolène annonce sa venue à ce meeting. La veille de ce meeting, dans une interview sur Europe 1 face à Claude Askolovitch, Peillon affirme publiquement : "On est contents d’avoir de ses nouvelles. Nous avons créé le courant sans elle au mois de janvier. Ce rassemblement a opéré, tout le monde l’a vu à Marseille, sans elle. Nous travaillons sur le fond depuis un mois et demi à un rassemblement. Elle n’a pas montré qu’elle avait beaucoup de talent pour le rassemblement. Je vais lui faire savoir qu’il n’y a pas de raison à ce qu’elle vienne". Peillon affirme donc ici clairement, qu'il travaille à la création d'une organisation politique indépendante de Ségolène.



Samedi 14 novembre 2009, c'est le meeting de Dijon. Ségolène est présente. Peillon ouvre publiquement le feu sur Ségolène, lors d'une interview, en lui reprochant d'être venue. Peillon affirmera à la presse que le meeting de Dijon, construit quelquechose d'indépendant du courant "Espoir à Gauche", par exemple lors d'une interview sur LCI face à Christophe Barbier, où il montre la brochure du "Rassemblement", et lors d'une interview sur France 5 face à Thierry Guerrier, où est aussi diffusé un fragment d'interview de Ségolène.



Quelques questions restent en suspens. Peillon a-t-il caché ses ambitions à Ségolène et aux militants d'"Espoir à Gauche", ou a-t-il été transparent ? Peillon a construit son "Rassemblement", sans Ségolène, comme il le dit, mais avec quels membres du courant "Espoir à Gauche" l'a-t-il construit ? Peillon souhaite-t-il organiser un véritable débat, ou un simulacre médiaque de débat ? Certes, Peillon a utilisé le courant "Espoir à Gauche", comme mère porteuse de son organisation le "Rassemblement", se voulant indépendante du courant "Espoir à Gauche", et excluant "par principe" Ségolène de ses débats. Mais pourquoi serait-ce immoral ? Pourquoi aurait-il eu le devoir de ne pas faire ce qu'il a fait ? Après tout, le "Rassemblement" transveral qu'il propose, pour construire un projet politique aternatif à celui de Sarkozy, n'est-il pas intéressant, ne mérite-t-il pas d'être défendu, ne comble-t-il pas un vide ?


Les reproches publics de Peillon à Ségolène, sont les suivants. Afin que des gens issus de divers partis, susceptibles de soutenir divers candidats à l'élection présidentielle, puissent se réunir, afin qu'il puissent se concentrer sur la construction d'un projet politique, plutot que sur le soutien à une personne, Peillon a demandé aux éventuels candidats à la présidentielle de ne pas venir à Dijon. En venant à ce rassemblement, Royal fait donc quelquechose que Peillon, et sûrement beaucoup d'autres personalités présentes, lui avaient demandé de ne pas faire. A première vue, j'ai trouvé ces arguments très convaincants.



Ségolène lui répond publiquement, qu'elle fait ce qu'elle veut, que les militants de base étaient contents de la voir et ne comprennent pas pourquoi Peillon s'est mis en colère, qu'elle ne tolèrera pas qu'il persiste dans sa protestation, que c'est elle qui a donné à Peillon une place de second dans son courant à elle, "Espoir à Gauche", et qu'elle a décidé, pour le punir, de nommer à sa place d'autres personnes. Réponse qui peut, à première vue, paraitre puérile et peu démocrate.



De nombreux militants du courant "Espoir à Gauche", accusent Peillon d'avoir volé ce courant à ses militants, pour en faire un instrument au service d'ambitions qui ne sont pas les leurs. Ambitions qui ne sont pas les leurs, parcequ''ils ne les ont pas construites ensemble, comme le veut pourtant peut-être la notion de "démocratie participative", chère à Ségolène et au courant "Espoir à Gauche".



Des opinions de militants d'"Espoir à Gauche", sont exprimées dans le blog de ce courant en Savoie, où quelques militants défendent Peillon en reprenant ses arguments, et où de nombreux autres sont très durs avec lui. L'un d'entre eux dit par exemple : "Les militants socialistes en sont bien restés à l’invitation d’Espoir à Gauche et n’ont pas vu les couleurs du dit "Rassemblement" avant de mettre les pieds à Dijon. ... Peillon ment et en plus il instrumentalise un courant interne du Parti Socialiste : aux intervenants les glorioles du rassemblement avec invitation, aux militants la croyance d’être dans leur courant comme à Marseille". Une autre opinion, d'une militante socialiste expérimentée, est donnée par son billet qu'elle signe sous le pseudonyme de Kamizole, "Vincent Peillon, la moutarde - de Dijon - monte au nez de mémé Kamizole". Elle cite l'Express, selon lequel : "Peillon structure l'organisation Espoir à Gauche d’une façon pyramidale, avec des représentants départementaux et régionaux - pas vraiment une méthode "participative"", puis elle surenchèrit : "il était temps de mettre un terme aux agissements fort peu démocratiques de Peillon et sa bande de vautours, qu’on les nommât OPA ou autres magouilles".



Najat Vallaud-Belkacem, porte parole de Ségolène, fait entendre le même son de cloche que de nombreux militants. Dans un communiqué fait à la suite du meeting de Dijon, elle affirme que : "L’Espoir à Gauche n’appartient à personne, et un courant n’est rien d’autre que des militants et responsables socialistes qui se regroupent à un moment donné pour faire valoir leurs idées au sein du parti. Ségolène Royal a toujours mis un point d’honneur à respecter scrupuleusement ces règles du jeu en n’ayant jamais eu le moindre mot ni fait le moindre geste visant à détourner l’Espoir à Gauche de ses objectifs initiaux. On peut l’accuser de tout ce qu’on veut, mais certainement pas d’avoir soumis le courant à ses intérêts personnels. ... A Dijon, Vincent Peillon a brutalement changé les règles du jeu. ... La mission que Ségolène Royal nous a demandé, ... est une mission de clarification dans le seul but de rendre aux militants ce qui leur appartient ... Pour ma part, ... je n’accepte pas l’autorité des chefs autoproclamés ni pour moi, ni pour les autres. Les militants qui soutiennent Ségolène Royal ont été suffisamment floués comme ça pour ne pas se retrouver pris en otage par qui que ce soit;"



Mais qui, en ayant seulement entendu les déclarations publiques de Ségolène et de Peillon, peut comprendre pourquoi Ségolène est en colère ?

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