Il serait intéressant de savoir ce que la Commission des sondages pense de la question posée par l’IFOP à un échantillon de 958 personnes. L’objectif recherché est en tout cas atteint, et tous les médias ont repris l’information : « les Français désapprouvent la demande de pardon de Ségolène Royal ».
Or qu’observe-t-on dans la question qui a été posée et qui est la suivante : « vous savez que dans un discours prononcé à Dakar, Ségolène Royal a demandé « pardon » pour les paroles prononcées par Nicolas Sarkozy en 2007 qu’elle juge « humiliantes », et a ajouté que ces paroles « n’auraient jamais dû être prononcées » et « n’engagent pas la France ». Selon vous ces propos sont-ils injustifiés de la part d’une personnalité qui n’est pas au pouvoir ? »
1) Les propos tenus le 26 juillet 2007 par Nicolas Sarkozy (« le drame de l’Afrique, c’est qu’elle n’est pas assez rentrée dans l’histoire » ; « dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place, ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ») n’apparaissent jamais. On ne sait donc pas si les Français les approuvent ou les désapprouvent.
2) La question ne porte pas sur le bienfondé du pardon en lui-même. On demande si une personnalité qui n’est pas au pouvoir peut ou non demander pardon.
Nous suggérons à l’IFOP, organisme soucieux d’impartialité politique, de soumettre au sondage les questions suivantes :
1) « Vous sentez-vous engagés en tant que Français par les déclarations suivantes de Nicolas Sarkozy : « le drame de l’Afrique, c’est qu’elle n’est pas assez rentrée dans l’histoire » ; « dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place, ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès » ?
2) Pensez-vous que toute personne a le devoir moral de défendre la dignité humaine, quel que soit son rang ?
3) Les Africains se sont sentis profondément blessés par le discours de Nicolas Sarkozy. Pensez-vous que demander pardon soit de nature à réconcilier, à apaiser et donc à rétablir une bonne image de la France en Afrique, conforme à sa tradition humaniste ?
Malheureusement, nous n’aurons pas de réponses à ces questions, à moins que les médias du groupe Lagardère ne décident, dans un prochain numéro, de nous les donner. En conclusion, nous pensons qu’il ne faudrait pas que les instituts de sondages se transforment, à l’approche d’échéances électorales, en tracts politiques incompatibles avec une bonne démocratie.
Désirs d'avenir
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