Comité Local Pierre Mendès - France " Désirs d'Avenir " Paris 8ème et 9ème


L'objet d'un Comité Local " Désirs d'Avenir " a pour but de rassembler toutes les personnes de bonnes volontés afin de réfléchir sur la situation sociale, politique et économique en France, en Europe et dans le Monde, pour pouvoir contribuer notamment par des propositions, à son amélioration, dans un esprit de justice sociale.

La politique autrement, la politique par la preuve !!!

samedi 25 juillet 2009

Notre parti, ontologiquement maître d’école.


Un billet d'humeur de Lucile BOURQUELOT, animatrice Désirs d'Avenir Paris 14ème (Section PS Petit-Montrouge)

En ces temps où l’on parle tant de la vétusté du parti socialiste français, de l’obsolescence du modèle social-démocrate en général, de l’incapacité du parti français à évoluer, à se moderniser, à s’adapter au XXIème siècle, il est une vieillerie , un trésor archéologique, que nous avons non seulement à sauver du désastre, mais à ranimer absolument. A partir d’un tout petit bout d’ADN on peut refaire un bel organisme neuf. Et c’est urgent.

Je veux parler de la vocation éducative des partis socialistes , telle qu’elle a été proclamée et mise en œuvre au début du XXème siècle, je veux parler du socialisme comme grand projet d’éducation populaire.

Nous avons perdu les élections européennes non pas parce que la droite, ou parfois les écologistes, ont fait mieux que nous, mais parce que la moitié des Européens, et notamment la majorité des jeunes, n’ont pas voté du tout. Notre défaite à nous socialistes, c’est l’abstention dans l’élection du Parlement européen.

Pourquoi est-ce spécifiquement notre défaite, à nous, socialistes ?

Parce que l’idéal socialiste vient en droite ligne des Lumières .

Parce que nous négligeons depuis longtemps ce qui est peut-être le principal, et en tout cas le plus fécond de nos fondamentaux, la vocation d’éducation de la nation .

Pour le socialisme la grande affaire, c’est de libérer l’homme de l’injustice sociale et des tyrannies politiques et économiques. Toutes les tyrannies sont confortées par l’ignorance.Tel était la finalité libératrice de la grande Encyclopédie. Dès l’origine, l’éducation a été au premier rang des engagements des socialistes. Flora Tristan est morte épuisée de parcourir la France pour instruire, au pied des usines, j’entends Ségolène Royal, dont la région a tant fait pour les lycées de Poitou-Charentes, scander sa priorité « l’éducation, l’éducation, encore l’éducation ». C’est l’un des six axes de notre Manifesto pour l’Europe. C’est bien aussi l’enjeu de la stratégie européenne de Lisbonne pour un XXIème siècle entré de plain pied dans l’économie numérique et en mesure de libérer un nombre de plus en plus important de travailleurs de l’usure du travail manuel. Encore faut-il que les hommes et les femmes de notre temps ne vivent pas le monde qui les entoure en aveugles et en ignorants presse-bouton gobeurs d’images. naissantes, des poignées d’ouvriers. En écho

Faisons encore un petit détour historique. Nous, socialistes français, nous sommes héritiers d’un précieux bagage. Prenant le relais des Universités populaires qui s’étaient développées en Europe à la fin du XIXème siècle, Jaurès fut ambitieux quand il créa le quotidien de la classe ouvrière au nom du parti socialiste français unifié en 1905. Non seulement il lui donna le beau nom de « l’Humanité », mais il mobilisa pour ses colonnes, parmi ses camarades de l’Ecole Normale Supérieure, les plus grands esprits de la France d’alors. Ainsi »l’Humanité » publia-t-elle immédiatement les meilleurs articles de fond de la presse française., dont la qualité devançait de loin celle des journaux réputés de la presse bourgeoise et qui étaient reproduits à l’étranger.

Et pourtant « l’Humanité » était le quotidien de la classe ouvrière, fait pour elle et lu par elle, afin qu’elle comprenne le monde pour mieux le changer. Je ne pousserai pas l’humour jusqu’à comparer le contenu de « l’Humanité » de 1905-1914 à celui du calamiteux « Hebdo » des socialistes, mais enfin il y a un abîme entre balader les militants de discours de congrès, bureaux et sous-bureaux nationaux en odes à petits, grands et moyens apparatchiks, avec récurrentes photos des mêmes, et d’autre part instruire le peuple, des militants d’abord et des citoyens ensuite, afin qu’ensemble, pris par la passion de comprendre le monde, ils aient aussi la volonté de participer aux combats contre l’injustice et pour son humanisation.

Mes chers camarades, il ya longtemps que nous n’expliquons plus le monde à personne, que notre parti oppose ceux qui sont supposés savoir (on peut constater tous les jours qu’ils ne savent pas grand chose et qu’en particulier ils ignorent tout de la société réelle) et ceux qui sont supposés les créditer aveuglément de cet inexistant savoir et les suivre. Et qui les suivent de moins en moins parce que la force de l’expertise quotidienne de la vie réelle leur démontre en un éclair que le roi est nu et fainéant.

Le roi nu et fainéant ne nous dit rien de la ruine de l’hôpital public et de l’école ( sans parler du triste état de l’armée, à en juger par les récents faits divers), ne nous dit rien de ce qui vient après et à la place de l’automobile, après et à la place de la pénalisation du piratage informatique, après et à la place du règne de la banque et du PIB, après et à la place du massacre de l’éco-système, après et à la place des croissantes inégalités présentes, ne nous dit rien de l’Europe où nous sommes et qui n’a même pas droit à une rubrique régulière dans l’Hebdo. D’ailleurs, à quoi sert l’Hebdo, que 80 % des camarades jettent à la poubelle sans le lire ?

Il y a bien une différence entre ceux qui sont venus élire le Parlement de l’Europe et ceux qui s’en sont abstenus. Il est de notre conception socialiste et rationaliste de l’humanité d’accorder à cette abstention l’excuse de l’ignorance, mais il est de notre devoir de socialistes de nous engager à éradiquer cette ignorance.

Le monde a changé. Qui s’en aperçoit dans le parti socialiste ? Qui renouera – c’est urgent - qui renoue avec la tradition des Universités populaires ?

Qui met à l’étude des militants et des experts les nouveaux défis du monde ? Qui lance des sondes dans les espaces inconnus de l’après-crise ? qui propose de répondre par la fraternité au défi de la marchandisation des relations humaines à l’échelle d’une planète unifiée seulement par la technologie et les flux financiers? qui construit sur une connaissance réciproque de nouvelles relations entre les mondes anciennement industrialisés et ceux qui abordent maintenant aux rives de l’industrie dans des conditions d’inégalité asphyxiante, entre l’Europe et l’Afrique si proche et si reléguée, ? qui parle des nouveaux problèmes planétaires de santé publique à l’époque des nouvelles pandémies et des pesticides généralisés dans les cultures vivrières ? qui met en question l’avenir d’une civilisation à la fois unifiée et bonne pour l’humanité ?

C’est une devinette à dix sous.

Et c’est aussi bien sûr une invitation pour tous ceux qui trouvent la réponse à être des militants actifs de notre parti derechef et définitivement maître d’école, et, par là, maître de liberté et de justice.


24 Juillet 2009

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