Comité Local Pierre Mendès - France " Désirs d'Avenir " Paris 8ème et 9ème


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La politique autrement, la politique par la preuve !!!

vendredi 3 juillet 2009

Sarkozy et le Nouvel obs: moi, j'ai mal à mon journalisme!


Débat hier du sur i>Télé en compagnie de deux journalistes habitués à couvrir l'actualité de la Sarkozie. Au programme des débats, le désormais cultissime entretien réalisé par Denis Olivennes, directeur de tout au Nouvel Observateur et journaliste depuis dimanche dernier.

Alors que le débat porte sur le naufrage journalistique de l'interview politique que représente la prestation d'Olivennes (huit pages, huit questions... On sent que le questionneur s'est montré d'une rare agressivité...Relances absentes, mensonges non relevés et tout le reste à l'avenant), voilà que mes deux confrères délivrent ensemble quasiment la même analyse avec les mêmes mots, les mêmes formules, les mêmes exemples. En substance, cela donne:

"En s'adressant ainsi au Nouvel Obs, le président de la république montre que l'Ouverture continue. D'accord, sur le plan gouvernemental, c'est fini, mais il est très important de noter que désormais, le président est capable de parler poliment à des journalistes de gauche, ce qui prouve qu'il est de plus en plus serein."

Je caricature à peine.

Ce matin, je salue une fois de plus les qualités de storytellers des tacticiens qui s'occupent de la com' de l'Elysée. J'imagine (je peux me tromper mais bon...) les petits coups de fils échangés dans la journée d'hier entre l'Elysée et les journalistes chargés de suivre la Sarkozie: "Tu sais, le Nouvel Obs, c'est pas un hasard... C'est important pour lui de montrer qu'il peut parler à la presse de gauche... Et tu as vu! Il dit qu'il a eu tort pour Joffrin... C'est un geste fort non?"

Ben oui, c'est comme ça que se construit chaque jour la geste présidentielle storytellisée; organiser l'événement, et le faire commenter comme il convient. Les plus avisés auront par aileurs noté que l'entretien paru dans le Nouvel Obs a eu lieu dimanche après-midi, deux jours après la mort de Michael Jackson, alors que le tsunami médiatique amorçait son repli et qu'il était temps pour l'Elysée de reprendre la réécriture de l'Histoire.

Jeune journaliste politique, j'avais découvert en 1988 dans un livre remarquable "Le Jeu du Pouvoir", oeuvre (majeure) d'un journaliste du New York Times baptisé Hedrick Smith, toutes les théories du storytelling appliqué au personnage du président des Etats-Unis et désormais adaptées en France par la Sarkozie. Vis à vis des journalistes, il faut partir d'un constat simple:

"La presse est fondée sur l'institution qu'elle suit. Les journalistes suivent la voie de l'organisme qui leur est assigné, ce qui les rend captifs de l'institution qu'ils couvrent et aide la Maison Blanche à vendre son scénario, notamment aux télévisions"

Ensuite Hedrick Smith expliquait que le grand truc du gourou de la com' de Nixon et Reagan consistait à téléphoner "off" lui-même à tous les journalistes affectés à la Maison Blanche alors qu'ils finissaient de préparer leur papier du jour (télés, radios, presse écrite) afin de leur fournir clé en main le dernier ressenti de la présidence sur l'histoire du jour décidée par l'aile Ouest. Ce génie de la com' politique, David Gergen justifait la pratique en ces termes: "Les journalistes y (à ses propos off: NDLR) réagissent. Ils aiment ça. Ils en ont besoin. Et on peut les amener à modifier ce qu'ils vont dire".

Hier, l'histoire du jour était: "le Président continue l'ouverture en causant à la presse de gauche ce qui prouve sa sérénité". Les journalistes de l'institution ont tous bien repris le message. Mission accomplie. Et en plus en France, c'est encore mieux, le président choisi ses interviewers. Aux Etats-Unis, ça n'est pas possible.

PS: David Gergen, Ron Walker, William Henkel, Mike Deaver, Dick Wirthlin, Stuart Spencer, Pat Buchanan sont les grands inventeurs du storytelling, repris et développé par Karl Rove. Comment combattre un storytelling présidentiel? Voyez l'annexe 2 du rapport Montebourg-Ferrand sur l'organisation de primaires à la française.

PS2: J'ai dit hier sur I>Télé que l'entretien mené par Olivennes était le 11 septembre de l'entretien politique, je persiste et je signe. Voilà pourquoi, en dépit leurs nombreux défauts, je préfère encore Elkabbach ou Aphatie, parce qu'ils sont journalistes, eux, malgré tout.

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