mardi 22 septembre 2009
Le Discours de Ségolène Royal lors de la Fête de la Fraternité
Voici le texte du discours de Ségolène Royal prononcé lors de la Fête de la Fraternité à Montpellier.
Mes chers amis,
Permettez moi de vous dire ma joie et ma tendresse de vous voir, nombreux, vous qui êtes venus parfois de si loin, vous qui restez heureux et présents, par jour de grand beau temps comme par jour de tempêtes.
Nous avons marché ensemble et nous marcherons encore longtemps ensemble. Car c’est cela, l’esprit de notre mouvement citoyen, c’est cela l’esprit de Désirs d’Avenir : un rassemblement de citoyens en mouvement qui marchent, ensemble pour ouvrir un autre chemin.
Merci à tous les artistes, les créateurs, de leur don … celui de leur art pour nous offrir de la joie. Merci à ceux de l’ombre, ceux des coulisses, ceux qu’on ne voit jamais et sans lesquels rien ne serait possible.
Merci à Brahim Abbou, notre magnifique Brahim, à toute l’équipe du comité local de Désirs d’avenir, à Cités d’avenir : vous avez fait un travail formidable, enthousiaste, chaleureux qui a porté cet évènement. Merci à Hélène Mandroux qui nous accueille dans sa belle ville, merci à Jean-Louis Bianco, Delphine Batho, Guillaume Garot, Dominique Bertinotti, Najat Vallaud-Belkacem, Marie-Monique Robin, Daniel Maximin pour votre présence et pour la qualité exceptionnelle de vos interventions. Merci à Jean-Pierre Mignard, mon ami, qui vous envoie le bonjour et s’excuse de ne pouvoir être parmi nous. Je ne l’oublierai jamais. Il est à Libreville dans le cadre de son métier d’avocat.
Martin Luther proclamait « le courage, c’est de ne pas se soumettre aux circonstances. » Permettez moi, aujourd’hui, de saluer VOTRE courage. Le courage de ne pas céder, de ne pas douter, malgré les vents tourbillonnants qui ne sont, au fond, que l’écume des vagues. « La vie, comme le combat politique est faite de méandres, de flux et de reflux. C’est le mouvement même de la vie. ». C’est François Mitterrand qui disait cela.
L’essentiel, c’est de garder son cap, d’avancer avec sa boussole et de ne pas quitter des yeux l’objectif que nous nous sommes fixés.
Le microcosme parisien, dérouté par ma liberté par mon refus de m’assujettir à leurs codes leurs compromissions a entamé la mise en accusation répétitive et obsessionnelle sur la solitude.
Comme si quelques notables de la politique en attente de jours meilleurs et allant faire leur marché ailleurs, comptaient davantage que vous tous qui donnez généreusement votre temps, vos déplacements, vos énergies, vous êtes vrais, simples, heureux, vous êtes la France qu’on aime.
Moi, ce qui me préoccupe ce n’est pas mon sort personnel, c’est le sentiment de solitude et même d’abandon que ressentent des millions de français. Qu’entendons-nous ? Les questions de vie quotidiennes sont là, de plus en plus pressantes : « qu’est-ce qui va se passer si la grippe arrive dans l’école de mon enfant ? Si je perds mon boulot ? Que va devenir ma vie, ma famille, si mon entreprise est menacée, si je tombe malade, si je ne peux pas rembourser mon emprunt, si je n’arrive pas à payer d’études à mon fils ou ma fille, s’ils ne trouvent pas de travail ? »
Le pouvoir nous abandonne et nous laisse seuls dans l’adversité. Tout un peuple abandonné en quelque sorte par ses dirigeants, voilà la vraie, la dure solitude à laquelle les télés devraient s’intéresser. La fragilité croissante n’épargne personne. On se méfie des gens de pouvoir, perçus comme incapables d’arranger le désordre. « Même quand ils agissent, pas de résultats concrets » entend-on. Alors oui, il faut d’urgence des résultats, ici et maintenant. Tout le reste, c’est du temps perdu et de l’embrouille.
Les politiques sont perçus comme des marchands de mots. « Taxes » : voilà le mot le plus rejeté, car même habillée en vert c’est une contrainte de plus. « Pourquoi ajouter des contraintes aux contraintes alors que la vie devient plus dure. On a l’impression d’avoir de moins de moins de liberté dans la vie quotidienne, même plus de liberté de la pensée. »
Combien de témoignages disant : « Je l’avoue : je me replie de plus en plus sur mon pré carré : ma famille, mes proches, les miens quoi. Je suis de gauche et je m’aperçois avec stupéfaction que j’ai du mal avec certains mots, je ne les comprends plus « collectifs », « soutien aux plus défavorisés » ou même « solidarité ».
Mots qui ébranlent nos certitudes et nos propres mots, usés à force d’être ressassés.
Osons le dire.
Solidarité ? Mais solidarité avec qui, quand on reçoit si peu ? On culpabilise les gens, on les traite comme des privilégiés parce qu’ils ont un CDI, comme si c’était un luxe ; on leur dit qu’ils sont de mauvais citoyens parce qu’ils utilisent leur voiture pour aller à un pique nique en famille le dimanche, comme si c’était un crime de lèse planète en vérité le coup d’une taxe. Et pendant ce temps, les vrais privilégiés prospèrent. La connivence, les réseaux de relations les protègent. C’est insupportable. De la même façon que l’on risque de rendre l’écologie difficile en créant des taxes nouvelles, on risque de galvauder ce beau mot de « solidarité », à force de l’invoquer sans mettre à bas les rentes des vrais privilégiés.
Alors, c’est pour tous et pour toutes que nous devons nous sentir fort de notre force, libre de notre liberté, sereins de notre sérénité.
Parce que nous avançons ensemble, parce que nous innovons ensemble, parce que nous entreprenons ensemble, parce que nous nous respectons mutuellement, parce que nous rêvons aussi un monde meilleur et que nous mettons, n’en déplaise à certains, toute notre énergie, toute notre force, toute notre créativité au service des autres et au service de la France.
Parce que le peuple est debout, parce que nous sommes les citoyens et que nous travaillons à l’avènement de ce Siècle Citoyen où l’on reprendra la maîtrise des choses, de nos vies sans subir le joug d’un pouvoir inerte.
Et de cela je suis fière ! Et de cela nous n’avons pas à rougir ! Et de cela nous n’aurons jamais à nous excuser, quelle que soit les scepticismes, les ricanements et les menaces. Soyons fiers du travail que nous faisons ensemble, soyons fiers des fêtes de la Fraternité que nous réussissons ensemble, soyons fiers de nous pour donner envie à beaucoup d’autres, à des milliers d’autres de nous rejoindre pour avancer.
Mes chers amis, venus de partout.
Quel chemin parcouru depuis l’automne dernier ! Depuis cette première fête de la Fraternité qui fit couler tellement d’encre.
Vous avez vu depuis, ne boudons pas cette gourmandise, à quel point après les ricanements du Zénith le mot Fraternité s’est invité dans toutes les discussions, dans tous les discours, dans toutes les déclarations. Je m’en réjouis. Ce mot appartient à la France. Il est l’un des socles de notre pays, de notre démocratie, il est le grand vœu des Lumières ! Avec la liberté et l’égalité.
Quel chemin parcouru depuis un an !
Nous avons lancé les Universités Populaires Participatives. Chacune d’elle a été un grand succès. Nous avons réuni des milliers de personnes cette année pour débattre ensemble, avec des spécialistes remarquables, sur des sujets fondamentaux :
Qu’il s’agisse de la crise financière, ou comment la surmonter avec des hommes à la pointe de la réflexion économique comme Philippe Aghion ou Yann Algan ….
Qu’il s’agisse des liens entre l’Europe et l’Afrique… personne n’oubliera l’émouvante et puissante intervention de Stéphane Hessel, saluant le pardon de Dakar, saluant aussi notre volonté d’imposer la fraternité dans le débat public. Et nous avons entendu Daniel Maximin, si brillant et si convainquant.
Que nous évoquions la crise alimentaire ou la Fraternité, avec les interventions si humaines de Régis Debray et Jean Claude Guillebaud. Marie Monique Robin, le monde selon Montsanto nous a montré tout à l’heure les liens étroits et protection de la planète.
Oui, nous avons, depuis un an, avancé à pas de géants.
Le 1er Octobre, à Poitiers, débutera et pour 3 jours l’université populaire du grand sociologue Edgar Morin sur les 7 grands défis que doit relever l’humanité : défi de la politique et de la gouvernance internationale, défi économique, social, écologique, éducatif et éthique, le vendredi 2 octobre à 18 heures, Université participative européenne. Ces défis que je fais mien et que je porterai dans toutes mes actions nationales et internationales en votre nom et au nom des Français.
Oui, mes amis, nous pouvons être heureux de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. Désirs d’avenir, armé de son enthousiasme, de son savoir faire et de sa croyance en demain, Désir d’avenir à construit cette année des bases solides de réflexions et d’action concrètes pour demain.
En venant ici, je repensais à cette année qui venait de s’écouler.
On peut tout faire si on reste chevillé à la base ;
On peut tout faire quand on reste à l’écoute populaire ;
On peut tout faire quand on n’a pas peur de parler ;
On peut tout faire quand on n’a pas peur de la vérité et que l’on accepte de se remettre en cause;
Avec vous, je n’ai pas peur de parler ;
Avec vous, je n’ai pas peur de la vérité ;
Je crois à la force citoyenne ;
Oui, ce qui compte, c’est la constance, et le chemin dans lequel nous avançons !
Ce qui compte, c’est notre cohésion et notre volonté d’avancer malgré les embûches ;
Ce qui compte, c’est notre respect mutuel ;
Ce qui compte, c’est notre fraternité, qui est plus grande que nous et qui va encore nous faire grandir et donner envie de nous rejoindre !
A nous ensuite qu’il y a une autre façon de faire de la politique, humaine et efficace.
Qu’est-ce que c’est que la fraternité et comment peut-elle nous faire agir ?
La fraternité « consiste à devenir frère et sœur avec tous ceux qui ne sont ni nos frères ni nos sœurs. »
J’y vois là une clé essentielle pour permettre une nouvelle conscience mondiale, ce nouveau siècle citoyen.
La fraternité, c’est ce sentiment qui dépasse toutes les différences pour nous permettre de vivre ensemble.
Dans un monde frappé par une crise morale sans précédent, un pessimisme latent, un « aquabonisme » quotidien, tant la vie est difficile, tant l’horizon semble bouché, dans les rapports familiaux, sociaux , se dégradent, dans un monde au cœur glacé, ou l’individualisme est la seule réponse que l’on peut trouver pour se protéger des coups qui pleuvent, lié à une politique injuste qui accorde tout à ceux qui ont tout et n’accorde rien à ceux qui n’ont déjà pas grand-chose. Liés aussi à une dégradation du lien républicain… dans ce monde qui ressemble de plus en plus à une jungle, où la loi du plus fort remplace peu à peu le progrès social, oui dans ce monde qui s’empoisonne, la fraternité doit agir comme un puissant contre poison.
Nous sommes meurtris par les suicides à France Télécom. Ils disent une souffrance, personnelle mais aussi peut être sociale, du à un changement brutal de culture de cette entreprise, à ces murs de silence derrière lesquels on s’enferme quand la pression devient trop forte.
Je n’irai pas plus loin mais je ressens ces vies écourtées par le chagrin comme une alerte, qui doit tous nous rappeler que la fraternité, c’est justement combattre la société de défiance. Fraterniser, c’est établir de nouveau rapport dans l’entreprise, un nouveau dialogue social.
Nous sommes aussi meurtris par la souffrance des salariés des usines qui ferment, Molex, Continental… Ouvriers humiliés, bafoués… Chez Fabris, on menaçait de faire brûler l’usine et je les comprenais parce qu’à leurs côtés je voyais l’humiliation, la désespérance, être traités moins bien que les machines, liquidés avec la mémoire ouvrière que l’on écrase sans un geste, sans un mot, sans la moindre contrepartie alors que l’argent continue de couler à flots sur des banquiers véreux.
Il y a 150 ans naissait Jean Jaurès. Jaurès engagé comme un lion dans la lutte pour la justice sociale, Jaurès qui, avec une écriture magistrale, décrit avec tant de force la souffrance ouvrière de la fin du 19ème siècle, évoque « un système de métal qui traite les hommes comme des marchandises ! « Un siècle plus tard, rien de vraiment différent. Toujours un système dont les mâchoires d’acier broie les plus faibles.
Ce combat de la dignité, c’est notre combat, à nous les socialistes, à nous les progressistes, a nous la gauche ! Le combat pour le respect humain, de la justice sociale. Le courage, écrivait-il, c’est de chercher la vérité et de la dire. Même si elle dérange, même si elle réveille toutes les oppositions les plus violentes.
Vous, moi, nous sommes les héritiers de ces idées là. Nous sommes les gardiens de la devise de la France « liberté, égalité, fraternité. »
La France de la Fraternité peut elle accepter cela sans réagir à cette offense faites aux salariés ? La politique est une affaire de décision, d’échelle de valeur et je ne crois pas, moi, que la politique soit impuissante devant l’économique. Je crois au pouvoir du dialogue social, et fraternel.
Mais la fraternité se forge aussi dans le combat contre l’adversité.
Cet incroyable ressort humain qui se réveille lorsque nos vies sont menacées. Plus de querelles de voisinage, plus de querelles de clochers. Quand la tempête souffle et détruit le village, tout le monde le reconstruit, ensemble, sans état d’âme en se donnant du courage. C’est aussi la fraternité des ouvriers de Continental qui se déplacent à Hanovre pour fraterniser avec les ouvriers allemands.
« Les forces divisées s’annulent » écrivait Victor Hugo. La fraternité les additionne, les multiplient là ou l’indifférence et l’injustice sociale les soustrait, les divisent, les affaiblit.
C’est cela qui anime à Désirs d’avenir. Oui, Désirs d’avenir est un mouvement de citoyens, ancré dans la réalité, dans l’écoute et dans le plaisir d’être ensemble pour être utile.
Nous sommes pour la plupart d’entre nous engagés à gauche depuis tant d’années, dans les associations, au parti socialiste, dans des syndicats.
La fraternité, c’est l’union des forces mais l’union est aussi un combat. Unissons-nous, hommes et femmes de bonne volonté pour changer notre pays qui supporte tant de mauvais coups en ce moment.
Soyons confiants et travaillons tous ensemble, mobilisons pour peser.
La fraternité, ca n’est pas un concept abstrait, un ornement de plus sur une guirlande de mots.
Oui, c’est une arme, un levier politique, un axe autour duquel doit s’accrocher toute décision politique, économique ou sociale.
C’est la seule arme pour sortir de l’abstraction. L’abstraction, le virtuel qui consistent à couper tous les liens , même les plus infimes entre le virtuel et le réel…. entre les chiffres glacés des taux de rendement et la réalité humaine qui a permis d’obtenir ces chiffres… entre les décisions prises dans un bureau de New York et les conséquences concrètes à Gandrange ou ailleurs… entre le cargo qui dégaze dans l’Atlantique et les dégâts souvent irréparable sur l’environnement et donc la vie des êtres humains… .On peut multiplier à l’infini les exemples de cette abstraction, de cette rupture quasiment intégrale dans la chaine humaine qui fait que l’on ne perçoit même plus, même théoriquement, les conséquences directes de notre décision. Oui, cette abstraction est bien l’une des sources empoisonnées de notre temps .
Oui la fraternité est l’antidote au virtuel, à l’abstraction qui détruit notre terre commune : la conscience aigüe de l’autre que nous avons le devoir de retrouver et le respect de l’humanité de chacun, la nécessité vitale d’établir un nouveau code de comportement dans les relations entre un Etat et ses citoyens, un patron et ses salariés, un gouvernement et les syndicats.
Oui, nous devons passer un nouveau contrat humain entre les différents corps qui composent ce pays, ce continent et cette planète.
On m’objectera que ce sont là des mots, des utopies et des concepts. Moi, je crois bien au contraire que c’est la première mission d’un dirigeant politique dans le monde qui s’avance : porter ces valeurs fondamentales et encourager par tous les moyens, à revenir à notre creuset commun : notre humanité. Mohammad Yunus, le prix Nobel de la paix indien, inventeur du micro-crédit, le dit de très belle manière : tous les êtres humains ont un désir très ancré d’aider les autres. Or, le système actuel, qu’il soit politique ou économique oublie cet aspect fondamental de l’être humain. Nous marchons à l’envers.»
Le système actuel pousse à écraser l’autre. Mais en écrasant son voisin, on s’écrase soi-même. C’est grâce à ce retour au fondement même de la démocratie, grâce à cette fraternité active, qu’il y aura des victoires durables.
La Fraternité, c’est aussi la conscience de notre citoyenneté planétaire.
« Nous sommes tous des Africains, nés il y a 3 millions d’années et cela devrait nous inciter à la fraternité ». Voilà ce qu’affirment Yves Coppens, découvreur de Lucy en Ethiopie et Michel Brunet, découvreur Thoumaï au Tchad. Voilà un magnifique démenti à tous ceux qui considèrent que l’homme noir n’est jamais entré dans l’histoire.
Oui, la Fraternité c’est l’antidote au racisme, à l’antisémitisme. Oui, la Fraternité c’est l’hymne à l’ouverture, à la coexistence et pour nous ici, en France… à la France métissée… Je vous salue, chers amis, chers habitants des quartiers de Montpellier ! Je salue la France métissée… la chance de la France.
« Chaque homme, chaque femme porte en lui l’humaine condition. » C’est une vérité qui s’impose jour après jour à l’échelle planétaire. Nous assistons dans un fracas épouvantable, à l’effondrement de ce vieux monde, basé sur le capitalisme financier à outrance, une forme d’amoralité économique et environnementale. A nous de replacer au centre de tout cette fraternité humaine qui transcende les différences sans aliéner ce qui est précieux dans la différence.
Je vous le dis, mes amis, la fraternité est née du siècle des lumières, elle est l’un des socles de notre démocratie, elle a inspiré le monde. Le monde est notre pays, les humains sont nos frères. Voilà les phrases qui résonnaient en Europe au 18ème siècle.
A nous de les porter à nouveau pour ce 21ème siècle. C’est le combat essentiel, le combat d’une vie, le combat de ma vie.
La fraternité, c’est enfin la coexistence avec tout ce qui vit. C’est la reconnaissance des êtres humains mais aussi de leur environnement et des liens inaliénables qui nous lient à la terre sur laquelle nous vivons.
Il n’est pas trop tard et nous pouvons absolument inverser le processus de destruction, désamorcer la bombe à retardement que nous avons-nous même fabriquée.
La poussée écologiste est positive. Il indique une prise de conscience profonde de l’opinion sur la question de l’environnement.
Comme le succés du film « Home « de Yann Arthus Bertrand ou, il y a quelques années, celui d’Al Gore « Une vérité qui dérange. »
Nous pouvons tenter de rattraper le temps perdu.
Avec détermination et imagination…
« L’imagination est plus importante que le savoir » disait à la fin de sa vie Albert Einstein enfermé dans un chagrin incommensurable face à l’utilisation criminelle qui était faite des travaux qu’il avait mené toute sa vie pour améliorer la vie des êtres humains.
Oui, l’imagination est à la base de tout.
Imaginons ce monde durable. Et mettons tout en œuvre, économiquement, scientifiquement, financièrement pour impulser cette croissance verte dans tous les domaines.
Je me bats depuis des années sur tous les fronts de l’écologie, depuis le ministère de l’Environnement avec le traitement de la crise des déchets, la sauvegarde de la biodiversité et le Sommet de la Terre à Rio ; le sauvetage des paysages exceptionnels comme le Marais Poitevin et aujourd’hui le combat pour la voiture électrique pas chère, pour l’énergie solaire, contre les OGM, les pesticides, tout ce qui saigne la terre et tue lentement mais surement les êtres humains.
Victor Hugo a eu cette phrase superbe « Les hommes sont solidaires avec la planète, la planète avec le soleil, le soleil avec l’étoile et l’étoile avec l’infini. La solidarité des hommes est le corollaire invisible de la solidarité avec l’univers. » Il est temps de prendre conscience de ce monde global qui est le notre et celui de chacun de nous.
Nous sommes notre environnement.
A nous de nous battre pour le soigner et créer là aussi de véritables valeurs sociales.
Qui peut aujourd’hui nier le gisement d’emploi que représente la croissance verte ? Personne.
Dans les années 90, le Japon, frappé par l’explosion de la bulle financière, a sauvé son économie en investissant dans la recherche et la haute technologie.
Nous sortirons de cette crise en investissant dans la croissance verte. Les Etats-Unis l’ont compris. Les pays du nord de l’Europe aussi, et depuis bien longtemps.
A nous de jouer. Il faut réaménager toute la fiscalité. J’ai longuement expliqué mon opposition à la taxe carbone version UMP, un impôt supplémentaire destiné à repeindre en vert et sur le dos des citoyens, surtout les plus fragiles, un bilan gouvernemental indigent en matière d’environnement. Taxons plutôt Total et les compagnies pétrolières.
Comment peut-on encore favoriser l’utilisation du charbon, du pétrole et même du nucléaire alors que ces milliards de subventions permettraient de soutenir l’énergie solaire, l’hydrogène ou les piles à combustibles ? Nous avançons encore à contre courant.
Entrer dans un monde durable, c’est sortir de la myopie du 20ème siècle , obsédé par la croissance économique à n’importe quel prix.
Investir dans la croissance verte, le développement durable, c’est investir dans l’épanouissement humain, qui est le seul, garant, à terme, de la paix civile, économique et sociale.
Cette fraternité entre l’homme et son environnement, à nous de la faire avancer dans les esprits et dans les faits.
Mes chers amis,
Nous voici à la croisée des chemins.
Dans quelques jours, le G20 se réunira à nouveau. Nous savons déjà que l’hyper communication et que les images qui vont déferler matin midi et soir vont nous démontrer par A +B que ce sommet est un succès , que les dirigeants, mains dans la mains, sont parvenus à moraliser le capital . Mais ou est la morale quand les banques recommencent à verser des bonus indécents ?
Ou est la décence quand le système redémarre comme si de rien n’était ?
Ou est la fraternité, l’humanisme, le respect du peuple quand les financiers recommencent à s’engraisser, alors que les PME n’arrive même pas à accéder à un crédit pour pouvoir tenir, que dis je pour pouvoir survivre ?
Ou est le succès quand tout semble recommencer comme avant, comme si de rien n’était ?
Nous n’acceptons pas ce « comme si de rien n’était … Dans ce paysage de champ de bataille dévasté par la crise, il est plus que jamais indispensable de s’en remettre à des valeurs et des règles simples, claires, discutées par tous et en premier lieu par les contribuables. Les tenir à distance du débat sur l’avenir du capitalisme, alors même qu’ils ont été les premières victimes de la crise, paraît inconcevable.
Les règles que je propose sont frappées au coin du bon sens.
1) Première règle : encadrer strictement les bonus, voire si possible les interdire, car ils sont le signe extérieur d’une société qui se délite et qui, au fond, perd son âme, car ils nous interrogent sur la France, l’Europe et le monde dans lequel nous voulons vivre. Et je vous pose la question : est-ce qu’un trader est plus utile à la société qu’un médecin, qu’un instituteur ou qu’un postier ? Et là encore, il est question de fraternité. Ceux qui veulent défendre le système actuel, sont les mêmes qui raillent l’idée de fraternité. Ils se croient des réalistes, ils se croient des gens sérieux. Mais oublier la fraternité, c’est l’irréalisme même, autrement dit, comme le dit Régis Debray, les phraseurs, ce sont eux. Ce sont eux les têtes en l’air, ceux qui n’ont plus les pieds sur terre, sur la terre des hommes et des femmes sans bonus ni parachute doré.
2) Deuxième règle : mettre fin aux intolérables collusions, conflits d’intérêts, négligences tacitement acceptées entre ceux qui soi-disant régulent et les banques dont ils sont censés assurer la surveillance. Dans l’ombre, des lobbys puissants s’affairent. Les puissances bancaires ont leurs entrées dans les cercles du pouvoir. Elles demandent l’aide de la puissance publique mais refusent que l’Etat rentre à leur capital ; elles font mine d’accepter des contraintes sur les rémunérations et les bonus, mais ces contraintes n’en sont pas. Le discours s’est brouillé. Les leurres prolifèrent. Tout le monde est pour la régulation. Tout le monde est pour l’Etat. Tout le monde est pour le contrôle. Un savant jeu de rôles est organisé. Le gouvernement doit montrer qu’il agit. Les mots sont durs, les banques sont convoquées, on pousse des cris d’orfraie, c’est la place financière de Paris qu’on assassine. La menace est jugée médiatiquement crédible, le pouvoir est satisfait ; les banques se rassurent, les acteurs ont été bons, le pire est évité. Ces connivences existent en France, mais aussi en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. Voilà pourquoi l’agenda du G20 est finalement si mince.
3) Troisième règle enfin : recentrer les banques sur leur véritable métier, la collecte d’épargne et le prêt aux entreprises et aux familles. Ça veut dire interdire aux établissements financiers de proposer autre chose que des produits solides, robustes, bien identifiés et tracés. La simplicité et la robustesse ont ici deux vertus : éviter l’accident intégral que nous avons frôlé l’année dernière ; rendre possible la régulation financière. Aujourd’hui, les banques gèrent les économies de millions de familles et spéculent sur les marchés financiers. Aujourd’hui, les banques françaises, allemandes, britanniques et bien souvent américaines gèrent nos dépôts et jouent avec sur les marchés financiers. Hé bien je vous le dis, c’est avec cette confusion des genres malsaine et dangereuse qu’il faut rompre. On ne devrait pas être à la fois une banque de dépôt pour les familles et les PME et une banque s’occupant d’opérations de marchés. Ce sont deux métiers différents. Il faut donc les séparer. Aux premières la légitimité de l’intervention de l’Etat pour sauver l’épargne des ménages et le financement de l’économie. Aux secondes, celles qui spéculent, la responsabilité entière de leurs actes.
Voilà mes 3 propositions. Elles sont très simples. Il suffit de le vouloir. Je crois à la force de la politique, je crois à la force de la décision. Je mets donc au défi Nicolas Sarkozy d’accorder enfin un peu ses violons, ses actes à ses paroles, ses belles déclarations d’intention à ses décisions politiques. On ne peut pas théoriser le bien être à Pittsburg et provoquer le mal être à Gandrange, à Fabris, à Molex et Continental. On ne peut pas ouvrir à gauche et gouverner à droite, on ne peut pas moraliser le capitalisme au G20 et protéger les niches et le bouclier fiscal à l’assemblée. Ca n’est tout simplement plus POSSIBLE !
Mes chers amis,
Nous devons être le mouvement.
Nous voulons ne pas rester enfermés dans nos certitudes et nos réflexes.
Nous avons la capacité de nous remettre en cause.
Je ne crois plus aux mots valises, aux recettes clé en main, aux décrets en tout genre, aux organisations pyramidales.
A Désirs d’avenir, je veux rendre le pouvoir de faire aux Comités locaux, la réussite de cette fête le prouve.
La démocratie, c’est le mouvement, la capacité à anticiper, à s’adapter, se remettre à en cause quand c’est nécessaire, à reconnaitre ses erreurs, et à repartir en restant fermement ancré dans ses valeurs inséparables : la liberté, l’égalité et la fraternité.
Nous devons libérer les énergies de ce pays et nous le ferons dans le mouvement. Non plus du haut vers le bas mais horizontalement, dans un dialogue sans cesse régénéré entre les citoyens et ceux qui les gouvernent.
C’est pourquoi je crois à la démocratie participative. Cette démocratie participative qui est à la base même de Désirs d’Avenir et qui le restera. N’ayez jamais le moindre doute sur ce sujet. Jamais.
Nous ne pouvons plus rester statiques, accrochés à une certaine arrogance, une vision hypertrophiée de notre pays dans un monde qui change si vite, où les informations s’échangent désormais à la seconde, où qui que ce soit peut mettre en ligne en un clic sa vision du monde, ses émotions, son analyse, ses critiques ou ses joies. Internet à changé nos vies… Cette toile mondiale est en mouvement, permanent. Il ne s’agit pas de juger moralement ce phénomène. Il est, tout simplement, et nous devons nous aussi l’utiliser pour créer des valeurs positives, créer de l’espoir.
Je relisais dernièrement des témoignages sur Roosevelt. Et l’un de ses amis citait cette phrase que le président Roosevelt lançait à chaque fois qu’il se trouvait face à une situation bloquée … « Il y a de nombreuses manières de soutenir la tache mais se contenter d’en parler n’en fera jamais partie. »
Ecouter beaucoup, parler peu et agir vite… voilà le mouvement que nous devons impulser.
Allez à la rencontre des idées nouvelles, nous enrichir, avancer par addition et non plus par soustraction, être dans cette dynamique qui nous élève, cette dynamique citoyenne qui monte, partout en France mais aussi dans le monde, de Bombay à Buenos aires, de Moscou à Johannesburg. Face à toutes les violences, nous voulons une révolution douce, qui rende au peuple, à chacun, un véritable pouvoir de choisir sa vie, son destin et celle de ses enfants.
Je compte sur vous, adhérents de Désirs d’avenir, militants socialistes, acteurs engagés, artistes et intellectuels. La gauche compte sur vous et la France compte sur vous. Je continue à faire tout ce que je peux, pour faire émerger ce Siècle Citoyen qui s’avance. A nous d’agir et de donner envie d’agir autour de nous. De cette façon, tous ensembles, militants de gauche, militants socialistes, salariés, jeunes de toutes origines et de tous horizons, syndicalistes, habitants des campagnes et des villes, intellectuels, acteurs engagés dans les associations, oui, tous ensembles, nous accompagnerons le dépassement du parti socialiste, nous créerons ce mouvement puissant et accueillant que tout le pays attend.
Voici votre feuille de route :
1) Mobilisez-vous dans les Comités locaux pour faire de Désirs d’avenir l’avant-garde d’une nouvelle forme d’action solidaire et d’échange de services.
2) Réactivez Cités d’avenir et Désirs d’entreprendre. Soyez les défricheurs de nouvelles actions.
3) Faites de Désirs d’avenir un lieu de réflexion avec nos Universités populaires participatives. Et faites fleurir partout ce vaste mouvement d’éducation populaire.
4) Soyez des témoins engagés. Chaque comité local doit recueillir les témoignages de notre temps et leur permettre de franchir le mur médiatique. A vos caméras pour interroger les salariés qui subissent la crise, éleveurs désespérés, mais aussi les réussites et les actions d’exception, qui prouvent que l’énergie du pays est là et ne demande qu’à se développer.
5) Rétablir la vérité. Sur les faits, sur les paroles, sur les manipulations, sur les faux consensus, comme je l’ai fait sur la taxe carbone.
Je suis heureuse est fière de vous savoir présents et enthousiastes sous les critiques, les dénigrements, les malveillances, les « boules puantes » comme disait le Général de Gaulle. En avant ! Et en regardant notre bonheur d’agir et d’avancer, oui, à nous regarder, ils s’habitueront et ils viendront ou reviendront.
VIVE DESIRS D’AVENIR !
VIVE LA FRATERNITE !
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