Comité Local Pierre Mendès - France " Désirs d'Avenir " Paris 8ème et 9ème


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lundi 7 septembre 2009

Mediapart : interview de JP Mignard - Mise au point




Chers amis,

Suite aux interrogations suscitées par l'interview donné par Jean-Pierre Mignard à Mediapart et intitulé initialement " Ségolène Royal perd l'un de ses fidèles", voici le commentaire que l'intéressé a laissé sur le site du journal :

" Je conteste le chapeau de cet interview rédigé dans tous les cas par quelqu'un qui n'a pas assisté à l'entretien. Il mériterait d'être complètement annulé. Je ne me reconnais que dans ce que je dis et je dénie l'interprétation qui en est faite.

Je suis autonome et fidèle.
C'est apparemment une nuance trop subtile. Dommage. "

Jean-Pierre MIGNARD





Pour ceux qui ne l'auraient pas encore lu, voici le texte de ladite interview, dont le titre a depuis été modifié :

Mignard entre autonomie et fidélité à Royal


Article publié le ven, 04/09/2009 - 13:06, par Stéphane Alliès - Mediapart.fr


Jean-Pierre Mignard quitte la présidence de Désirs d'avenir désormais assumée par Ségolène Royal elle-même, qui entend transformer l'association en «ONG européenne» proche d'une fondation type think tank, comme le précise un communiqué publié jeudi 3 septembre. Dans un entretien à Mediapart, il explique sa position et tire un bilan sans concessions de son expérience. Il dénonce également les affres du présidentialisme dans la vie politique de la Ve République avant d'appeler à la naissance d'un «grand parti démocrate de gauche» indispensable, selon lui, au «renouveau démocratique».



Mediapart : Votre départ de la présidence de Désirs d'avenir marque-t-elle un retrait de la vie politique ou alors acceptez-vous la présidence du conseil scientifique de la nouvelle ONG souhaitée par Ségolène Royal?

Jean-Pierre Mignard : Ce n'est pas du tout un retrait de la vie politique. J'entends lui consacrer toutes mes forces disponibles, car mon métier est d'être avocat, je reste membre du conseil national du PS, du courant Espoir à gauche et de Désirs d'avenir. Pour ce qui concerne l'animation d'un conseil scientifique que propose Ségolène Royal, c'est le futur. Il faudra attendre un changement de statuts, y voir plus clair et on verra à ce moment là.



M : Quel bilan tirez-vous de votre expérience à la tête de cette association?

JPM : D'abord une expérience humaine remarquable. Les militants ont parfois été injustement critiqués pour être des idéalistes, voire des idolâtres. Non, ce sont à 90% des militants et des cadres du parti socialiste qui avaient perçu toutes les limites de l'organisation politique actuelle. Le bilan, s'il est positif sur certains aspects (comme les universités populaires participatives, qui devraient être transférées dans toutes les fédérations du PS), connaît une limite: nous n'avons pas réussi à dépasser les frontières du PS. C'est un mouvement indépendant du parti mais qui est resté dans sa sphère.



M : Est-ce un parti dans le parti ?

JPM : C'est un pseudopode militant du PS, qui s'est retrouvé autour d'un certain nombre de principes et autour de la candidature de Ségolène Royal et de sa démarche en faveur de la démocratie participative. C'est le principal enseignement que j'en retire: la volonté de rompre avec la vie très hiérarchisée et lointaine du parti, comme de l'opacité des délibérations. Enfin, je garderai comme enseignement l'importance de la démocratie participative, qui est tout sauf une addition de spasmes et devrait être, d'une manière ou d'une autre, inscrite dans la constitution.



M : La limite de Désirs d'avenir n'est-elle pas de s'être finalement réduit à une écurie présidentielle, de 2007 au congrès de Reims, en attendant 2012?

JPM : C'est toute la difficulté de créer un mouvement politique aujourd'hui en France. La Ve République commande physiquement que toute idée s'incarne en un homme ou une femme. Sans doute que Désirs d'avenir est partagé entre le soutien à la candidature de Ségolène Royal et la volonté de porter des idées de transformation, que par ailleurs elle porte. C'est à la fois un avantage et une limite car le mouvement existe à travers sa leader mais on peut être d'accord avec les idées sans être d'accord avec la candidature de Ségolène Royal. J'ai connu exactement la même chose avec Michel Rocard, qui portait d'indéniables idées de transformation, mais qui étaient reliées à sa candidature.



M : La motion collective du congrès de Reims s'est aujourd'hui disloquée en une addition de candidatures à la présidentielle. Valls, Peillon, Royal... La logique présidentielle n'abîme-t-elle pas l'opposition?

JPM : Le courant Espoir à gauche est une déception en terme d'organisation. Aujourd'hui, tout le monde devrait se retrouver ensemble, puisque tout le monde pensait la même chose et a signé les mêmes textes. Ségolène Royal a toujours été par définition hostile à la constitution d'un courant organisé, c'est sa vision de la vie interne du parti depuis toujours. Pour autant, je crois que le nécessaire n'a pas été fait par les uns et par les autres pour permettre le maintien de liens qui auraient pu montrer que, justement, c'étaient les idées qui primaient sur les logiques de compétition de personnes. Espoir à gauche n'a pas réussi cela. Mais l'affaire n'est pas terminée. Je souhaite créer un espace de convergences avec tous ceux et celles qui se sont éloignés, et d'autres encore, pour que le PS puisse bénéficier d'un lieu hospitalier et dynamique qui puisse profiter au camp de la transformation.



M : Désormais, vous êtes sévère à l'égard du présidentialisme?

JPM : C'est un mal dont la gauche a payé le plus lourd tribut. La constitution de la Ve République est née dans des conditions extraordinaires, portée par un homme hors du commun, De Gaulle, qui heureusement était républicain et s'est donc comporté en pro-consul républicain. Ç'aurait pu être bien pire. Depuis, nous n'avons rien changé, et le leadership a continué à s'incarner dans des personnes, y compris François Mitterrand, qui aurait dû être l'artisan du changement. Mais la gauche ayant été harassée par la crise économique, il s'est replié dans ce que la fonction présidentielle avait de plus hiératique, et s'est concentré sur l'Europe. Si on veut admettre avec Mendès France que la démocratie est un «état d'esprit», nous devons retrouver un nouvel état d'esprit limitant le présidentialisme, qui ne devrait être qu'un des piliers de la République, avec un parlement dont les députés seraient à terme sous mandat unique. J'exclus les sénateurs, qui doivent avoir un double mandat pour jouer leur rôle de représentation d'une chambre des régions.



M : Comment inventer un renouveau démocratique, entre un PS convalescent et des logiques présidentielles destructrices?

JPM : La gauche doit porter une nouvelle conception de la vie démocratique, davantage partagée, car la question institutionnelle gouverne la question sociale. Si nous l'admettons, la question des alliances est directement liée à la question démocratique. Si on ne rétablit pas un bon équilibre institutionnel, rien ne sera possible en matière de dialogue social. Aujourd'hui, la personnalisation du régime est le facteur premier du blocage social. Jérôme Monod, un homme de droite, expliquait récemment aux Echos [le 28 août dernier] que «l'économie n'intègre plus d'autres valeurs que la spéculation, le gain, l'accaparement. C'est la porte ouverte à la violence, la corruption, la mafia». Si cela est vrai, ce que je crois, la question démocratique est capitale, la question ne se pose plus de savoir si François Bayrou connaît un, deux ou trois couplets de l'Internationale. La question devient: comment un camp républicain et démocratique s'organise, pour permettre de résoudre la question sociale? De l'extrême gauche, qui devra bien un jour mettre les mains dans le cambouis, jusqu'aux frontières du gaullisme, de ce gaullisme qui ne se soumet pas aux intérêts de la corbeille. Une Grande alliance où la présence du MoDem deviendrait anecdotique et qui dépasserait le leader qui l'incarnerait...



M : La préoccupation institutionnelle pourrait prévaloir sur les désaccords politiques et économiques?

JPM : On peut additionner tous les amendements que l'on veut avec nos alliés, on a tellement eu de programmes qui n'ont pas été respectés qu'aujourd'hui je pense en effet que le programme qui s'impose est celui de la méthode qui permet au pays de retrouver une dynamique démocratique. Un programme peut être ajusté, mais la création d'une coalition de toutes les forces qui refusent la domination de l'oligarchie et de la financiarisation permettra de sauvegarder les valeurs sociales et les entreprises.



M : Vous qui avez fait partie de la commission de réflexion du PS sur l'organisation de primaires, pensez-vous qu'une mise en concurrence pré-présidentielle peut résoudre le problème du présidentialisme?

JPM : Cette fois-ci, nous pourrions compter sur la frange la plus politisée de notre électorat, soit un noyau d'environ deux millions de personnes. Les primaires ont comme premier avantage d'assurer la probité du scrutin, ce qui est un grand progrès éthique. Car ce que nous acceptons en tant que militants, par une soumission que je ne connais que dans les recoins de l'église catholique, les sympathisants, les citoyens, ne l'accepteront pas. Je fais allusion à toutes les tricheries, dont celles du congrès de Reims, et qui ont dû être générales, dans chaque camp. Ensuite, nous nous adressons à la frange la plus éclairée, donc la plus exigeante, de notre électorat, celle avec laquelle les mécanismes d'ultra-personnalisation joueront le moins, celle qui n'attend pas des postes ou des prébendes. Il est aussi possible d'ouvrir ces primaires à l'ensemble de la gauche, comme l'évoque Daniel Cohn-Bendit. A terme, il faudra qu'un grand parti démocrate de gauche émerge en France car c'est le type de partis qui respectera le mieux les différentes sensibilités.



M : En Italie, le parti démocrate a fait disparaître la gauche devant Silvio Berlusconi...

JPM : Les Italiens sont à l'avant-garde de ce qui nous menace, en pensant que le simple fait d'organiser des primaires et de changer de nom suffira. Les méthodes sont bonnes mais elles ne peuvent se passer de contenu.



M : Les primaires ne détournent-elles pas le PS de l'urgence de s'opposer, face à l'offensive de Nicolas Sarkozy sur les services publics ou les libertés?

JPM : Je connais bien cet argument réactionnaire paternaliste, voulant que quiconque s'intéresse trop aux élections perd son temps. Dans les années 60, les patrons disaient: «A force de trop voter, on ne va plus travailler.» Quel mépris pour le peuple, qui ne voudrait qu'on ne s'occupe que de ses droits alimentaires et dont les droits politiques seraient secondaires.


M : En terme d'éthique, de nombreux courants de la gauche n'ont-ils pas failli en cédant à l'ouverture gouvernementale de Nicolas Sarkozy?

JPM : Je pense en effet qu'il y a eu des comportements plus ou moins dignes et éthiques, le plus digne étant Jean-Pierre Jouyet. Si nous ne résolvons pas la question des alliances, en terme programmatique, nous serons contraints au débauchage. Car quel que soit le candidat dans la Ve République, il l'emporte avec un million de voix d'avance et il est tout de suite frappé d'illégitimité relative par les 49% qui n'ont pas voté pour lui. Donc, il a besoin d'aller piocher chez les concurrents un défaut de légitimité morale, que ne pourront jamais lui accorder les 51% qui l'ont élu. Voilà pourquoi ce système n'est pas bon. Rappelons-nous Mitterrand en 1988, qui avait débauché de grands hommes de gauche comme Jean-Pierre Soisson... Pour éviter cela, il faut une réelle puissance parlementaire, où peuvent être représentées à la proportionnelle toutes les formations politiques. On me dit: «Ah oui, mais ça c'est la IVe République !» Et oui! C'était un régime de qualité, qui a cédé par les menaces de coups d'Etat militaire. D'une certaine manière, on a demandé à des violoncellistes de jouer des morceaux de batterie-fanfares... Aujourd'hui, il faudrait assortir ce régime parlementaire d'instances participatives de mise en question des élus.



M : La démocratie participative suppose des procédures. Désirs d'avenir n'a-t-il pas cédé à une démocratie plébiscitaire, entretenant dans les faits la relation entre une personne et son public, en l'occurrence Ségolène Royal et ses sympathisants?

JPM : Ce peut être un danger. La démocratie participative est un outil qui doit venir compléter la démocratie représentative mais n'a pas fonction à créer un lien magique entre un leader et le peuple.



M : Pourquoi personne au PS, de Royal à Aubry, ne fait l'autocritique sur la gauche gouvernante, sur l'expérience des socialistes au pouvoir?

JPM : La critique peut être implicitement portée à travers les programmes. Mais cela est surtout directement lié à la façon de dégager des majorités politiques au PS. Comme tous les leaders ont peu ou prou participé à la vie gouvernementale, se livrer à un inventaire politique risquerait de froisser un tel ou compromettre les soutiens de telle fédération. Cela rend obligatoire la prise de parole de notre électorat politisé.



M : Comment avez-vous accueilli les annonces rénovatrices de Martine Aubry à La Rochelle?

JPM : J'ai envie d'y croire. Mais, en même temps, c'est ce que nous avions proposé à Reims, avec Gérard Collomb, Vincent Peillon et Ségolène Royal. Pourquoi alors ne pas avoir saisi la main que nous tendions. Pour entraver Ségolène Royal, on a entravé la rénovation. Et si Martine Aubry se retrouve en position d'être investie, il pourrait lui arriver pareille mésaventure. Voilà les ravages du présidentialisme! Voilà pourquoi je pense que le (ou la) premier secrétaire ne devrait pas être candidat à la présidentielle, comme Howard Dean aux Etats-Unis, qui a joué un rôle considérable dans l'élection de Barack Obama.

source: http://www.mediapart.fr/journal/france/040909/mignard-entre-autonomie-et-fidelite-royal

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