Ségolène Royal sur RTL :
Le "pardon" de Ségolène Royal à l'Afrique, après des propos de Nicolas Sarkozy jugés offensants, a provoqué une levée de boucliers au sein du gouvernement notamment, tandis que Martine Aubry lui apporte un soutien sans réserves. Sur RTL, la présidente du conseil régional de Poitou-Charente assume depuis Dakar ses propos et explique "qu'il faut que tous les Français se reconnaissent dans les propos [que j'ai] tenus", mais ne veut pas "entrer dans ces polémiques".
A propos du pardon à l’Afrique pour les propos de quelqu’un… pourquoi ne pas citer Nicolas Sarkozy ?
"Parce que je crois qu’il faut que tous les français se reconnaissent dans les propos que j’ai tenus. Je remets les choses à leur juste place, (...) c'est-à-dire de dire très clairement pardon pour ces propos qui ont été humiliants et très mal ressentis dans toute l’Afrique, et en même temps dans lesquels je pense que les Français - quelles que soient leurs opinions politiques - ne se sont pas reconnus. Je crois qu’il y a des moments de l’histoire où il faut avoir l’humilité de reconnaitre ses erreurs pour pouvoir à nouveau se tourner vers l’avenir."
Pourquoi avoir attendu deux ans pour condamner ces propos de Nicolas Sarkozy ?
"Je les ai condamné au moment ou ils ont été prononcés (...) je crois que (l’élection de) Barrack Obama, à lui seul, contredit ce qui vient d’être dit sur l’homme Africain."
Bernard Kouchner a estimé ce matin sur RTL que la phrase de Nicolas Sarkozy était maladroite mais que votre condamnation était, elle, maladroite et démagogique...
"Je ne veux pas entrer dans ces polémiques. Ceux qui font des polémiques à partir de cette phrase ont tort de régler des comptes par l’Afrique interposée. (...) Je crois qu’aujourd’hui le temps de la réconciliation est venu. (Il faut) avoir le courage de dire "pardon" aussi pour la question de la colonisation, de l’esclavage, de courage de dire "merci" à l’Afrique pour tout ce qu’elle nous a apporté (...) Le troisième mot que j’ai prononcé est "s’il vous plait construisons ensemble notre avenir". Ma vision de l’équilibre géostratégique du monde est que nous avons un intérêt commun entre l’Europe et l’Afrique a nous unir (...) en particulier sur le développement durable, pour que nous puissions équilibrer le monde, et je crois que l’alignement sur les Etats-Unis d’Amérique n’est pas une bonne chose pour l’équilibre du monde. L’entrée dans l’organisation militaire de l’Otan n’est pas une bonne chose pour l’équilibre du monde."
Voici quinze ans commençait le génocide au Rwanda, la France n’a jamais dit pardon...
"L'Afrique mérite beaucoup mieux que ces drames effroyables. Il faut à la fois les guérir et panser les plaies et regarder aujourd’hui vers l’avenir (...) J’ai dit pardon pour l’ensemble des désordres et des souffrances qui ont été infligées à l’Afrique. Ce mot n’avait jamais été prononcé, maintenant il est prononcé. Je crois que c’est très important pour apaiser les tensions, pour panser les blessures et pour pouvoir regarder avec beaucoup de sérénité l’avenir dans un partenariat réciproque auquel nous avons également intérêt; une partie de notre avenir se joue aussi en Afrique."
Vous parlez donc d’un pardon général, mais pas pour le Rwanda en particulier...
"Je pense qu’à ce stade, il est très important que la France regarde avec vérité le rôle, les rôles positifs et négatifs qu’elle a joué, qu’elle les reconnaisse, comme je l’ai proposé hier, qu’il y ait une commission européenne-africaine mixte qui puisse avoir accès à toutes les archives, historiques et militaires, pour qu'ensemble on puisse établir la vérité des faits, qu’on puisse regarder notre histoire commune, qu’on puisse demander pardon à tous les dégâts qui ont été faits, et enfin qu’on puisse s’appuyer sur les choses positives pour sortir de l’ornière du passé et pour construire positivement l’avenir."
La séquestration des patrons est illégale, mais vous avez dit que parfois c’est le seul moyen de se faire entendre...
"Souvent le mot 'séquestration' est excessif par rapport à ce qui se passe. Je n’ai jamais défendu ce qui est illégal : la privation d’aller et venir, la privation des libertés mais qui peut aujourd’hui ne pas admettre en toute sérénité et en toute tranquillité qu’il y a une violence quotidienne qui est exercée contre les salariés qui découvrent, par exemple, que certains patrons s’enrichissent au moment de la crise alors qu’eux-mêmes perdent leur travail, leur emploi et ne savent pas de quoi sera fait ? Donc cette violence qui est subie, cette humiliation qui est vécue, cette angoisse du lendemain pour savoir si on va pouvoir continuer à payer son loyer, pouvoir nourrir ses enfants, pouvoir les envoyer à l’université (...) cela exige du dialogue et quand un pouvoir en place ne résout pas les problèmes ou mène une politique très injuste, que ce soit fiscalement ou socialement, n’a toujours pas réglé les questions des super bonus des grands patrons qui abusent, je ne mets pas tous les patrons dans la même catégorie, à force de ne pas régler les problèmes, on dresse les français les uns contre les autres, c’est donc le pouvoir en place qui est en partie responsable de ces tensions, de ces exaspérations (...) la responsabilité des pouvoirs publics c’est de servir de médiateur à l’intérieur des entreprises, à l’intérieur du corps social, de donner aux organisations syndicales le respect, la dignité qu’elles méritent qu’elles puissent conduire ave les partenaires sociaux des solutions qui doivent émerger aujourd’hui dans les entreprises, qui doivent continuer à aller de l’avant et c’est faute d’avoir un pouvoir qui règle les problèmes que des tensions surgissent dans les entreprises et sur les territoires."
Grosses polémiques sur vos propos dans les deux sujets !
"Ce ne sont pas des polémiques, ce sont des débats politiques, économiques et sociaux qui sont essentiels. Qu’il y ait des débats autour de ces sujets, c’est très important parce que ça permet aussi de faire émerger les lieux de convergence (...) Les français peuvent compter sur moi pour dire la vérité des choses avec des mots justes pour replacer chaque problèmes à sa place et que les citoyens se saisissent de ces débats et que l’on puisse cesser de parler en leur nom pour dire des choses qui sont très mal reçues et très mal vécues dans d’autres pays du globe."
... C’est ce que vous vouliez dire quand vous avez dit à la "Charente libre" que vous étiez incontournable ?
"Je ne sais pas, je ne mélange pas tout. Il y a ici des problèmes très sérieux, des enjeux de développement considérables, il y a une lutte contre l’extrême pauvreté, des injustices qui conduisent à des violences. C’est en réduisant les injustices et en respectant les citoyens qu’on obtiendra la paix sociale, en tout cas c’est comme ça que je conçois la politique."
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