dimanche 31 mai 2009
Jouer avec les inquiétudes des citoyens
28 mai 2009 - 15:00
Par Delphine Batho
Quel terrible aveu d'échec ! En écoutant le président de la République dresser le constat du durcissement des violences, il y avait de quoi se demander qui est en charge de la sécurité des Français depuis 7 ans...
Le Président de la République fait preuve d'une malhonnêteté incroyable en prétendant que l'insécurité connaitrait une "évolution défavorable" depuis... deux mois, comme si la présence d'armes dans certains quartiers, les intrusions dans les établissements scolaires, les phénomènes de bandes étaient une découverte récente. La ministre de l'Intérieur appréciera.
Quant aux mesures annoncées par le chef de l'Etat, on connait la technique : c'est celle des annonces en rafale destinées à saturer les médias.
Certes, il faut noter un mea culpa sur l'absence totale de politique de prévention. Pour le reste, il s'agit de la reprise des précédentes annonces du 18 mars (Gagny), 24 mars (Saint-Quentin), et 21 avril dernier (Nice).
Hélas, les Français savent que ce genre d'annonce sont le plus souvent sans lendemain.
Ainsi, la "reconquête prioritaire" de 25 quartiers annoncée aujourd'hui correspond, mot pour mot, au discours prononcé le 14 janvier 2004, par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui annonçait alors que "l'Etat de droit" serait rapidement restauré dans "23 quartiers prioritaires",... dispositif dont on attend encore les résultats.
Concernant les violences scolaires, plutôt que de miser exclusivement sur des dispositifs technologiques coûteux dont l'efficacité est loin d'être démontrée, le gouvernement ferait mieux de créer un nouveau corps de surveillants chargés de l'encadrement et de la sécurité dans les établissements scolaires les plus exposés aux violences. Rappelons que le taux d'encadrement des élèves a été divisé par deux depuis les années 70 et que 24300 postes de surveillants ont été supprimés depuis 2003.
Il est regrettable qu'à aucun moment le président de la République ne se demande pourquoi les mêmes mesures et les mêmes proclamations de fermeté depuis des années ne marchent pas sur le terrain.
Nicolas Sarkozy n'a pas compris que face à la violence, les Français n'attendent plus des discours mais des actes. Mais sans doute l'effet recherché n'est pas celui de l'efficacité contre l'insécurité, mais seulement de jouer avec les inquiétudes des citoyens.
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