Le futur gros-porteur de la présidence de la République se trouve depuis hier en Gironde. Après avoir atterri peu après 18 heures à Mérignac, l'Airbus A330, racheté à la compagnie Air Caraïbes, a gagné l'enceinte de l'entreprise Sabena Technics (ex-Sogerma Services), où il restera pendant un an au moins pour subir un énorme travail d'aménagement et de transformation. Le hasard veut qu'à quelques centaines de mètres de là, un avion d'affaires Falcon 7X, également destiné à l'Élysée, soit en cours d'achèvement par Dassault.
Si la présidence de la République utilise depuis longtemps des avions Falcon, l'A330 qui a atterri hier en Gironde sera le plus gros appareil civil jamais acheté par les pouvoirs publics pour une utilisation présidentielle. À ce jour, les plus gros avions de la flotte sont de « petits » Airbus A319 monocouloirs. Dotés d'un équipement VIP, ces avions disposent de réservoirs supplémentaires qui leur permettent de parcourir 6 500 kilomètres. Une autonomie certes supérieure à celle des A319 de base, mais tout de même un peu juste pour de très longs déplacements.
Avec l'A330, l'Élysée passe à la dimension supérieure. Sans atteindre la taille des Boeing 747, qui constituent la base du mythique Air Force One de la Maison-Blanche, le biréacteur long-courrier d'Airbus a des capacités et un rayon d'action beaucoup plus importants : selon « Les Échos » du 20 avril dernier, le futur avion présidentiel disposera d'une autonomie de 11 000 kilomètres.
Chambre à coucher
L'Airbus A330, qui s'est posé hier à Mérignac, est âgé de onze ans. Il avait appartenu à feu la compagnie Swiss Air avant d'être exploité par Air Caraïbes pour le transport de passagers entre la France et les Antilles. Il est aujourd'hui équipé pour convoyer 324 passagers. Dans sa future configuration, il en aura sans nul doute sensiblement moins. Car tout l'avant de l'appareil sera transformé en espace privatif destiné au chef de l'État, à ses collaborateurs et à son entourage proche.
Sabena Technics reste d'un mutisme total sur ces aménagements. Mais, selon « Les Échos », l'avion serait notamment équipé d'une chambre à coucher, d'un bureau, d'une salle de réunion pouvant accueillir une douzaine de personnes, d'une salle de bains et d'un module médicalisé d'urgence.
Leurre antimissiles
À l'arrière de l'appareil, une soixantaine de personnes, invitées des voyages présidentiels, pourraient prendre place dans ces conditions de confort sans doute peu comparables à celles qui étaient réservées jusqu'ici aux passagers de la classe économique d'Air Caraïbes. Un système de leurre antimissiles et des transmissions sécurisées achèveront de donner à l'A330 sa touche présidentielle.
Le futur gros-porteur présidentiel ne sera, si l'on peut dire, que la figure de proue de la flotte aérienne destinée à l'usage du président de la République et du gouvernement.
Un autre Falcon
Celle-ci est gérée par l'Etec (Escadron de transport, d'entraînement et de calibration), une unité spécialisée de l'armée de l'air, qui dispose à ce jour entre autres de deux avions d'affaires Falcon 900 (triréacteurs) et de quatre Falcon 50 plus anciens. Le renouvellement de cet ensemble d'appareils de plus petite dimension (jusqu'à 14 places) est également entamé. Ainsi, un Falcon 7X (dernier modèle de Dassault) est-il en voie d'achèvement et de test à Mérignac. Un voile masque partiellement la cocarde tricolore et le nouveau logo des futurs avions de la présidence de la République.
Bienvenu pour Sabena Technics, ce renouvellement de la flotte présidentielle l'est aussi tout particulièrement pour Dassault, qui doit faire face à de multiples annulations de commandes de la part de grands groupes industriels et bancaires, du fait d'une crise économique qui, à l'inverse, n'empêche pas l'Élysée de moderniser les bureaux et salons volants du président.
b.broustet@sudouest.com
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